Lavinia
Herbert demeure l’un des personnages les plus détestés des séries animées des
années 80 et 90. Froid, antipathique et narcissique, ce personnage secondaire
de Princesse Sarah a marqué toute une génération de spectateurs.
Beaucoup la comparent à Nellie Oleson de La Petite Maison dans la Prairie
en raison de son caractère cruel et hautain. Pourtant, derrière cette
antagoniste apparemment insensible, se cache une figure bien plus complexe
qu’il n’y paraît.
L’arrivée
récente de Princesse Sarah sur la plateforme Netflix a ravivé l’intérêt
autour de cette œuvre et a incité de nombreux spectateurs à reconsidérer le
rôle de Lavinia. Pourquoi cette jeune héritière a-t-elle tant de haine envers
Sarah Crew ? Était-elle uniquement jalouse, ou bien prisonnière d’un système
qui l’obligeait à incarner la méchanceté ?
1.
Synopsis
Princesse
Sarah, adaptation
animée du roman de Frances Hodgson Burnett, raconte l’histoire de Sarah Crew,
une enfant privilégiée, fille d’un riche investisseur anglais installé en Inde.
Envoyée dans un pensionnat londonien dirigé par Miss Mangin, Sarah attire
immédiatement l’attention par son apparence élégante, ses manières distinguées
et son immense fortune.
C’est lors
de son premier jour d’école que Sarah rencontre Lavinia Herbert. Fille d’un
industriel américain enrichi grâce aux gisements pétroliers, Lavinia est
jusqu’alors la plus riche et influente élève du pensionnat. Son statut social,
son rôle de déléguée et son âge avancé par rapport aux autres pensionnaires lui
donnaient un ascendant naturel. Mais tout bascule avec l’arrivée de Sarah :
plus riche, plus cultivée, plus douce, et dotée d’une beauté naturelle, elle
attire l’admiration générale.
Peu à peu,
Lavinia passe du mépris au ressentiment. Voir Sarah s’imposer sans effort
éveille en elle un sentiment d’injustice. Contrairement à sa rivale, Lavinia
doit constamment user d’autorité et de froideur pour garder le respect de ses
camarades. Là où Sarah obtient l’affection par la bonté, Lavinia ne reçoit que
la crainte.
La jalousie
se transforme rapidement en hostilité déclarée. Elle ridiculise Sarah, complote
contre elle, et tente de ternir son image auprès de Miss Mangin. Pourtant,
lorsque le destin frappe Sarah et que la fortune de son père s’effondre,
Lavinia ne se réjouit pas seulement : elle redouble de cruauté, cherchant à
briser moralement celle qu’elle n’a jamais réussi à surpasser.
Le
retournement final surprend encore aujourd’hui : lorsque Sarah retrouve sa
richesse grâce à l’héritage de M. Carrisford, Lavinia adopte une attitude plus
nuancée. Elle ne s’oppose plus frontalement à elle et finit même par admettre
sa défaite. L’ancienne antagoniste se retrouve isolée, privée de ses alliées,
et contrainte de faire un choix : changer ou disparaître dans l’ombre de Sarah.
Cette
trajectoire, marquée par la rivalité, l’humiliation et la prise de conscience,
fait de Lavinia un personnage fascinant et essentiel à l’intrigue de Princesse
Sarah.
2. La première rencontre : un choc de richesses et
de caractères
Lavinia
apparaît pour la première fois dans l’épisode Le premier jour d’école.
Jusqu’ici, elle régnait sans partage sur ses camarades grâce à son statut et
son rôle de déléguée. Mais l’arrivée de Sarah change la donne.
Lavinia
découvre une élève plus riche qu’elle, car le père de Sarah possède des mines
de diamants en Inde. Dans un environnement où le prestige est déterminé par la
fortune et l’élégance, cette révélation suffit à éveiller la jalousie.
Pour ne rien
arranger, Sarah attire naturellement la sympathie par sa gentillesse. Ses
camarades, au lieu de la jalouser, l’admirent. Cette réaction accentue la
frustration de Lavinia, qui voit son autorité fragilisée.
3.
Beauté et
privilèges : une comparaison insoutenable
Sarah est
présentée comme une enfant d’une grande beauté : cheveux noirs brillants, teint
délicat, démarche gracieuse. Lavinia, bien que privilégiée, ne bénéficie pas
d’une telle aura naturelle.
De plus,
Sarah possède certains avantages que Lavinia n’a pas : elle peut quitter
l’école quand elle le souhaite, reçoit des vêtements somptueux et jouit d’un
traitement de faveur de la part de Miss Mangin. Aux yeux de Lavinia, cette
accumulation de privilèges est injuste.
Pour une
fillette de dix ans élevée dans la compétition et l’orgueil, cette comparaison
permanente devient une source d’aigreur.
4.
Le rôle
d’élève déléguée et la perte d’influence
Jusqu’à
l’arrivée de Sarah, Lavinia exerçait un pouvoir presque tyrannique sur ses
camarades. Elle imposait discipline et obéissance, reproduisant le modèle
sévère de Miss Mangin.
Mais Sarah
bouleverse cet équilibre. Sa supériorité intellectuelle, notamment en français,
et son charisme naturel amènent la directrice à lui confier la fonction de
déléguée. Pour Lavinia, cette humiliation marque le début d’une rancune
durable.
Perdre ce
rôle signifie perdre non seulement son statut, mais aussi le seul élément qui
justifiait sa position dominante dans le pensionnat.
5.
L’hostilité
ouverte et la cruauté quotidienne
Privée
d’influence, Lavinia transforme son ressentiment en véritable vendetta. Elle
multiplie les humiliations : tentatives de sabotage, moqueries, accusations
mensongères.
Ses deux
complices, Gertrude et Jessie, suivent ses ordres plus par peur que par amitié.
Ensemble, elles s’acharnent sur Sarah, cherchant à la faire craquer.
Cette cruauté atteint son paroxysme lorsque le père de Sarah meurt et que la fillette est réduite à l’état de servante. Plutôt que d’éprouver de la pitié, Lavinia jubile, persuadée d’avoir enfin vaincu sa rivale.
6.
La force
intérieure de Sarah : une énigme pour Lavinia
Lavinia,
habituée à dominer par la peur, ne comprend pas comment Sarah parvient à rester
digne malgré l’adversité.
Alors que la pauvreté et les mauvais traitements auraient dû l’anéantir, Sarah conserve son calme et sa bonté. Ce contraste renforce le désarroi de Lavinia, qui réalise que la vraie force ne réside pas dans la richesse ou l’autorité, mais dans la résilience et la bienveillance.
7. L’effondrement de l’autorité de Lavinia
Peu à peu,
le pouvoir de Lavinia décline. Ses complices prennent leurs distances, et ses
attaques contre Sarah perdent de leur efficacité.
Le point de
rupture survient lorsque Sarah retrouve sa fortune. Alors que Lavinia
s’attendait à une revanche cruelle, elle découvre une adversaire magnanime.
Sarah choisit de pardonner et de soutenir même l’institution qui l’avait
humiliée.
Ce
comportement déroutant oblige Lavinia à se remettre en question.
8. La réconciliation finale : sincérité ou
opportunisme ?
Dans
l’épisode 45, Lavinia cesse ses hostilités. Elle reconnaît implicitement sa
défaite et accepte la supériorité morale de Sarah.
Cependant,
les spectateurs restent divisés : Lavinia agit-elle par sincérité ou par
opportunisme, consciente qu’elle ne pourra jamais surpasser sa rivale ?
Quoi qu’il en soit, ce dénouement marque un tournant : Lavinia n’est plus la figure tyrannique du pensionnat, mais une élève isolée, contrainte de réfléchir à son avenir.
Thèmes
L’histoire
de Lavinia met en lumière plusieurs thèmes universels qui expliquent la
fascination durable pour ce personnage.
La jalousie
sociale occupe une
place centrale. Dans un environnement où la richesse et la beauté déterminent
le statut, la rivalité entre Lavinia et Sarah illustre la violence des
comparaisons constantes.
Le pouvoir
et l’autorité
apparaissent également au cœur de l’intrigue. Lavinia règne par la crainte,
Sarah par l’empathie. Leur opposition révèle deux conceptions du leadership,
l’une fondée sur la domination, l’autre sur la bienveillance.
L’injustice
et la résilience complètent
ce tableau. Le public découvre qu’une enfant dépouillée de tout peut continuer
à briller par son caractère. Sarah devient ainsi l’exemple d’une dignité
inébranlable, tandis que Lavinia incarne l’orgueil blessé et la fragilité des
privilèges.
Enfin, la
rédemption offre une note d’espoir. Même l’antagoniste la plus cruelle peut
évoluer et reconnaître ses erreurs. Ce message universel explique pourquoi
Lavinia, malgré sa réputation de « méchante », reste un personnage marquant,
capable de susciter à la fois le rejet et la réflexion.
Conclusion
Lavinia
Herbert demeure l’une des antagonistes les plus emblématiques de l’animation
japonaise des années 80. Détestée pour sa cruauté, redoutée pour son arrogance,
mais finalement fascinante par sa complexité, elle symbolise la jalousie, la
lutte pour le pouvoir et la difficulté d’accepter l’échec.
Sa rivalité
avec Sarah Crew n’est pas qu’un simple affrontement enfantin : elle illustre la
fragilité des statuts sociaux, l’importance de l’empathie et la possibilité de
transformation, même pour les personnages les plus sombres.
Aujourd’hui
encore, Lavinia continue d’alimenter débats et analyses. Était-elle sincère
dans son revirement final, ou opportuniste ? Était-elle victime de son
éducation ou simplement cruelle par nature ? Des questions qui prouvent que son
rôle dépasse largement celui d’une simple méchante de dessin animé.
10 questions et réponses autour de Lavinia
Herbert
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